Un Enfant de Troupe désignait à l’origine un garçon accompagnant son père dans les régiments et affecté à des tâches subalternes. Un témoignage historique est à attribuer à Victor Hugo, fils d’officier, qui déclara dans une lettre écrite à son fils Charles en 1869 : " j’ai été Enfant de Troupe …". De tous temps, il y eut un souci d’améliorer le sort et l’éducation de ces jeunes qui, d’abord formés " sur le terrain" , furent accueillis dans une première école créée en 1875.Dès lors, l’Enfant de Troupe fut considéré comme un "fils de militaire élevé aux frais de la Nation" . À ce statut doit être ajoutée la notion de contrepartie, l’enfant ainsi éduqué étant redevable d’un engagement militaire à la fin de son instruction, ou à défaut d’un dédommagement financier de l’État. Au fil du temps les conditions d’admission dans les écoles se sont élargies, et toute famille, militaire ou non, pouvait demander l’intégration de son enfant. Au premier établissement succédèrent alors les EMP, (Écoles Militaires Préparatoires). Il y en eut à une époque plus d’une dizaine, avec une variante pour l’enseignement technique (EMPT*), réparties sur la Métropole, les territoires d’outre-mer et les colonies françaises, qui deviendront collèges d’enseignement général ou technique. Puis on regroupa sous le vocable de lycées militaires ou lycées de la Défense les 6 établissements encore en activité aujourd’hui. Ceux dépendant de l’Armée de Terre sont le Prytanée et les collèges militaires (Autun, Aix-en-Provence, Saint-Cyr-l’École). À la Marine Nationale et à l’Armée de l’Air sont désormais rattachés deux lycées, respectivement le lycée naval de Brest et l’École des pupilles de l’air à Montbonnot-Saint-Martin près de Grenoble. Les lycées existants ont aujourd’hui le même statut, celui de lycées de la Défense. Deux d’entre eux (Autun et Montbonnot-Saint-Martin) accueillent également des élèves de la sixième à la troisième. Le statut d’Enfant de Troupe tomba en désuétude dans les années 60, supprimé dans les textes mais pas dans les esprits. Pour preuve, cette dénomination subsiste encore de nos jours parce que notre Association, créée voilà un siècle en 1910, s’emploie à assurer le devoir de mémoire. Pour rester fidèle à son origine, elle est dénommée couramment en abrégé« "Association des AET (Anciens Enfants de Troupe)" .De même, son insigne distinctif comporte toujours le sigle "AET".
Les Enfants de Troupe ont hérité d'une mauvaise réputation, entretenue par la littérature, la filmographie, parce que les écoles qui les accueillirent étaient considérées, de façon particulièrement péjorative, comme le refuge de "cas sociaux". Mon frère et moi en faisions partie pour la bonne raison que nos parents n'avaient pas les moyens de financer les frais de scolarisation et d'internat dans un établissement civil mais cette expression s'est étendue aux "enfants à problèmes", aux "fortes têtes" et j'en passe...Cette "étiquette" entretiendra chez moi d'énormes complexes.
*Pour information, il y eut deux "EMPT", l'une à Tulle, l'autre au Mans, l'affectation des frères Cartier dans la première ayant été décidée pour des raisons de proximité, notre famille étant à l'époque installée dans le Puy - de - Dôme. La notion de "proximité" s'avèrera dans les faits très subjective compte tenu des moyens de communication ferroviaire à travers le Massif Central.
(1) (principalement pour la localisation des écoles du passé et du présent)
Remarque: la première vidéo, qui présente en introduction l'EMP d'Autun est en fait une compilation de plusieurs documents; on note notamment la présence de jeunes enfants en culottes courtes, probablement des élèves de l'EMEH (École Militaire Enfantine d'Hériot). Le commentaire fait état de l'âge de sept ans pour ces jeunes recrues.
Préfecture de la Corrèze, la ville a été rendue célèbre par sa dentelle, sa manufacture d’armes (pistolet-mitrailleur MAT 49 connu des militaires des ancienne générations) et demeure aujourd’hui la capitale de l’accordéon, avec la dernière fabrique subsistant en France. La ville compte aujourd’hui presque 15000 habitants. En 1961, nous connûmes une des crues de la rivière les plus importantes des dernières décennies
L’école déléguait sa Musique et sa Chorale, à laquelle j'appartenais, pour participer, avec le "chant des Partisans", à la commémoration d’un triste évènement intervenu pendant la 2ème guerre mondiale : en représailles aux actions des maquisards, la division SS « Das Reich », commandée par le Général Lammerding procéda à la pendaison de 99 habitants, choisis au hasard, tandis que 149 hommes furent envoyés en déportation. Le lendemain, l’unité militaire était à Oradour- sur- Glane… Pour l’anecdote, l’un de mes camarades choristes, Serge, fit une grande partie de sa carrière militaire dans les Chœurs de l’Armée Française. Il est très fier de ses prestations et en particulier de celle qui eut lieu à Washington en février 1988 devant la plupart des Officiers Généraux les plus gradés des quatre armées américaines.
Remarque: dans la photo qui suit, correspondant à une prestation interne de la chorale, le coiffeur dut ce jour là avoir carte blanche pour faire une entorse aux prescriptions en usage car les coupes de cheveux ne sont pas franchement règlementaires...
Elle fut créée en 1924 et dissoute en 1967, soit trois ans après mon départ. L’âge d’incorporation était compris entre douze et quatorze ans (entrée en 5ème et plus rarement en 4ème), la plupart des élèves venant de l'École Primaire. La devise de l’école était : "Bien Apprendre Pour Mieux Servir". Elle était bien mise en évidence face au portail d'entrée de la caserne d'accueil, celle dite du "Sergent Lovy").
Parmi les trois casernes fréquentées au cours de ma scolarité (1959/1964), seul subsiste le site de Marbot, bâti à flanc de coteau. Cette bâtisse, dont l’origine remonte au XVIIe siècle et qui abrita entre autres un séminaire, a fière allure*. Elle est aujourd’hui le siège du Conseil Départemental. Renseignements pris auprès des occupants actuels, personne n'est passé au travers des planchers de nos ex-chambres qui furent d'abord les cellules des séminaristes!!! Aujourd'hui recouverts de moquette, leur solidité n’a donc pas été éprouvée par l’abrasion à la paille de fer précédant l'encaustiquage, corvées répétitives ayant occupé des générations d'élèves et auxquelles je consacrais tant d'ardeur... L'ancienne chapelle a été aménagée pour devenir l'hémicycle du Conseil Départemental.
*Voir historique complet à partir du lien ci-après.(Merci aux Archives Départementales de la Corrèze)
En 1967, s'est installée à Marbot une Annexe de l'École d'Enseignement Technique de l'Armée de Terre d'Issoire (AEETAT).J'ai fait connaissance avec l'un de ses anciens élèves, Christian Hager,qui y séjourna de seize à dix-huit ans, pour compléter son instruction à l'ENSOA de St-Maixent, puis à l'EETAT d'Issoire. Il décrit son parcours, ses aventures... dans le livre "5ème promo au rapport!" Partageant un certain nombre de points ou souvenirs communs sur le cadre de vie, les enseignants....jusqu'au sous-officier qui fut notre chef de section (!) et tous deux passionnés d'écriture*, nous sommes tout naturellement devenus de fidèles amis.
Sur une colline située de l’autre côté de la Corrèze, a été construite la prison qui accueillit les Généraux Challe, Jouhaud, Salan, Zeller après le putsch d’Algérie en 1961, soit deux ans après mon admission à l’école. La localisation du site sur un promontoire élevé et isolé permettait d’en faciliter le contrôle et en particulier de déjouer les tentatives de libération par des sympathisants. La caserne Lovy où je logeais accueillit alors une partie des centaines de gardes mobiles qui, avec mitrailleuses, défense anti-aérienne…, participaient au dispositif de protection.
* J'avoue ne pas arriver à la cheville de Christian qui est auteur de plusieurs ouvrages, dont certains destinés à la Jeunesse, d'autres à la pêche (une passion partagée par mon petit-fils Alexis)...
Lors des retrouvailles périodiques des anciens élèves, le site de Marbot est resté un point de rassemblement incontournable. Il est le lieu d'accueil d'un certain nombre de personnalités de la ville, de discours protocolaires et une cérémonie est traditionnellement consacrée au dépôt d'une gerbe au monument aux morts des Enfants de Troupe. La dernière réunion de ma promotion s’est tenue en 1999 et plus précisément le week-end de Pentecôte Elle a réuni presque quatre-vingts anciens élèves, accompagnés pour la plupart de leur épouse ou compagne.
D'éminentes autorités locales nous avaient fait l'honneur et l'amitié d'être présentes: Messieurs les représentants du Conseil Général, de la Mairie, de la Gendarmerie, le Préfet de la Corrèze Monsieur Paul Girot de Langlade. Plus qu’honoré, ce dernier fut ravi de se joindre à nous car Il se trouve qu’il fut un camarade de promo de trois d’entre nous à Saint-Cyr ! : J.C.Deborre, J.L.Fauré, J.F.Vigier (malheureusement absent), tout en étant lui-même AET (passage à La Flèche). . Bien sûr, tous les participants ont eu une pensée pour leurs camarades officiellement disparus, les absents, notamment certains militaires retenus en mission, et s’interrogent encore aujourd’hui sur ceux complètement perdus de vue…
Ce ne fut pas une mince affaire pour l’équipe qui s’est investie pour l’organisation, le déroulement…, bref la réussite de cette manifestation, incluant la recherche (souvent laborieuse) des coordonnées des anciens élèves, la restauration, la communication avec la presse, les contacts protocolaires avec les personnalités locales, les comptes-rendus en images de la manifestation… Je citerai notamment (par ordre alphabétique) R. Camus, J. C. Deborre, G. Henri, J. C. Humblot, F. Longépée,A. Vidal, des camarades ayant travaillé dans l’ombre pour le plaisir de toute l’assemblée qui leur en est toujours fortement reconnaissante.
Tandis que plusieurs des organisateurs se sont attachés à confectionner des albums illustrés, soigneusement classés aujourd’hui par les participants, R. Camus a exploité ses talents et son expérience pour nous offrir une vidéo:
L'"intrus" portant bacchantes, Fred, fut notre prof de physique-chimie inoubliable de la classe de 1èreTM1 à la caserne des Récollets ; je lui consacre un chapitre à la page "L’après publication" sous le titre "Notre super-prof de Physique..."
Les moniteurs d'Éducation Physique ne sont pas là par hasard; cette catégorie d'enseignants, sauf rares exceptions, laissa à tous d'excellents souvenirs; d'ailleurs, hommage leur est rendu dans mon récit biographique.
C. Arguence, alias "Chico", est dans la tenue appropriée à la fois à son surnom* et à sa passion, l’équitation ; ce cher camarade nous ayant quitté avant le montage et la diffusion de la vidéo, Robert a multiplié les gros plans sur le personnage, souhaitant légitimement lui rendre un hommage particulier, comme je l’ai fait moi-même dans ma biographie. ( voir aussi page "Nostalgie" extrait titré "2014-En procédant au classement..." …).
Dans l'hémicycle du Conseil , c'est votre serviteur qui fut tout surpris d'être assis à la place de Bernadette Chirac.
* héros mexicain d’une bande dessinée de l’époque
C'est en ce lieu que se pratiquait l'essentiel de nos activités physiques et sportives, une composante importante de notre instruction générale. Ce quartier accueille de nos jours L'École de Gendarmerie qui garde le souvenir du drapeau de l’EMPT, symbole fort du passé. "Notre école, peut s'enorgueillir de conserver ce drapeau salué par des générations de jeunes hommes, et où sont épinglées les décorations prestigieuses et glorieuses :la Croix de la Légion d'honneur,la médaille de la Résistance avec rosette,la Croix de guerre 39-45,la Croix de guerre des TOE avec palme. Veillant sur le drapeau de l'EMPT, une plaque à la mémoire de Martial Brigouleix, ancien professeur de l'EMPT de Tulle, ce haut personnage de la résistance locale ayant été fusillé en 1943 au Mont Valérien par les Allemands" .
À l'occasion du rassemblement évoqué précédemment, nous avons eu le privilège d'être accueillis dans l'Établissement ayant mis gracieusement à notre disposition ses locaux (mess) et son personnel pour nos agapes du dimanche, du petit-déjeuner jusqu'au buffet dansant de la soirée. Cette faveur nous fut accordée par le Colonel Charles Fraichard, Commandant de l'École, car deux de nos condisciples, J.C.Deborre et F.Longépée, s'étaient liés d'amitié avec lui lors du passage à la Corniche Bournazel. Cette complicité avec nous ne fit que se renforcer avec la rencontre de J.C. Humblot à Tahiti (le monde est petit!) alors que ce dernier y faisait un séjour professionnel commandité par son employeur, une grande Compagnie Bancaire.
La gratuité des études (soumise aux contreparties évoquées plus haut) attirait beaucoup de candidats mais il y avait peu d’élus, la sélection s’effectuant par concours. Certains élèves, qui échappèrent aux mailles du filet, je n’ose suspecter par quelle stratégie, ne « firent pas de vieux os » à l’école. À mon époque, il suffisait, pour le dépôt des candidatures dans les EMP, que le père de famille ait satisfait à ses obligations militaires ; bien évidemment, le pouvoir de décision, la signature du contrat...appartenaient à l’autorité paternelle.
La plupart des élèves étaient intégrés en classe de cinquième (12-13 ans), quelques-uns en classe de quatrième (13-14 ans). Comme nous étions une majorité à « débarquer » de l’école primaire, les jeunes de la deuxième catégorie (à laquelle appartenait mon frère ) avaient d’autant plus de mérite et nombre d’entre eux auront plus tard une réussite professionnelle qui force l’admiration…Je ne citerai pour l'exemple que celui de Jean-Paul qui, après avoir suivi une voie de scolarité modeste, s'investira avec courage et ténacité dans sa carrière militaire pour gagner une retraite bien méritée de Lieutenant-colonel.
L'enseignement était dispensé sous le régime de l'Éducation Nationale et le corps professoral était constitué d'hommes sérieux et compétents, respectant les élèves qui le leur rendaient bien, même si pour la plupart ils ne furent pas épargnés des railleries classiques des potaches. On ne peut hélas en dire autant de nombre de membres de l'encadrement militaire constitué de maîtres d'internat ou "pions" (en général des sursitaires appelés du contingent) et de sous-officiers de carrière (Chefs de section...).
Toutes les conditions étaient réunies pour encourager les élèves au travail et donner à tous les mêmes chances de réussite : prestations des enseignants et discipline bien sûr, mais aussi majorité du temps libre passée en études ou autres devoirs surveillés, sanctions dans les deux sens du terme :
- Punitions dans le même registre que la conduite disciplinaire, allant de la privation de sortie jusqu’au renvoi de l’école – pour les plus mauvais éléments – en passant par l’amputation des vacances d’un ou plusieurs jours (report du départ).
- Récompenses : tableau d’honneur distribué mensuellement, encouragements ou félicitations selon la moyenne obtenue aux compositions trimestrielles ; si ces satisfécits existent encore aujourd’hui dans certains établissements, ils donnaient droit, sachant que nous ne rentrions dans nos foyers qu’à la fin de chaque trimestre, à une gratification inestimable : le départ en permission un ou deux jours avant l’échéance officielle… Une autre distinction honorifique, la couture de galons sur les manches de la vareuse (les grades allant de 1ère classe à sergent-chef), accompagnait la remise de ces certificats. Chaque fin d’année, avait lieu la remise des prix qui faisait l’objet d’une grande parade fastueuse et solennelle. Le gymnase de la caserne Lovy où se déroulait la cérémonie était somptueusement aménagé, avec notamment –souvenir impérissable pour moi – des toiles de parachutes multicolores tendues au plafond. À cette occasion, des personnalités du mode militaire étaient invitées. Les élèves étaient tout autant intéressés ce jour-là par la distribution d’un repas amélioré que par le cérémonial de la manifestation...
Si je fus classé parmi les bons élèves, je n’ai absolument pas la prétention de m’afficher comme un élément d’exception ; je dirais tout simplement que j’étais fier de mes résultats et mon ancien instituteur encore davantage…Les documents qui suivent visent surtout à illustrer trois choses :
- En classe de cinquième, je fus lors d’un trimestre 2è de la classe, et j’aurais peut-être pu faire mieux si l’élève arrivant en tête du classement n’avait pas fréquenté au préalable une classe de sixième. La compétition s'avèrera rude pour la chasse aux galons, aux prix d'excellence... et plusieurs de mes camarades me "feront la pige". Dans l'ensemble de mon parcours, je connaîtrai un fléchissement sensible en classe de seconde, année du décès de mon père.
- Mes résultats dans le domaine des « travaux manuels éducatifs » (traduisez travaux d’atelier centrés exclusivement sur l’usage de la lime – dite la "caroline" –, autrement dit l’apprentissage de l’ajustage) étaient tout simplement catastrophiques ; comme l’indique l’appréciation du moniteur (sur un autre bulletin trimestriel est portée la mention « fait son possible »), ce n’est pas ma bonne volonté mais mon incompétence manifeste qui était en cause ! Cette déficience me fit sombrer dans une situation cauchemardesque, d’autant que j’étais dans une école d’enseignement technique et je ne fus jamais autant humilié dans toute ma scolarité …Le comble de l’horreur (pour moi), ou de l’ironie (pour d'autres) est que l’une de mes premières affectations professionnelles, en sortant de l’école, fut celle d’ajusteur !!! Mais le pire, l'incompréhensible, est que ce choix résulta de tests psychotechniques particulièrement élaborés auxquels étaient soumis les postulants dans cette grande entreprise !!
- En fin d’année scolaire 63/64 (classe de 1ère TM), j’obtins les félicitations du Conseil d’Enseignement au dernier trimestre de cette année qui fut celle de mon départ anticipé de l’EMPT. Pour l’honneur, je m’étais en effet lancé le défi de terminer ma scolarité « en beauté » et ce challenge fut réussi.
Quelle émotion lorsque j'ai découvert* le document qui suit, dont je connaissais l'existence mais pas la teneur exacte !
Les Hautes Autorités n'ont pas manqué à leur devoir pour essayer, avec beaucoup d'humanité, de faire changer l'avis de ma mère (femme de ménage) qui fut influencée par les promesses de l'un de ses employeurs. La dure réalité sera que celui-ci, que j'appelai un temps mon "protecteur", garant de mon emploi dans la vie civile, me laissa tout simplement tomber...
Comme je voulais tenir mes engagements vis à vis de ma mère, je pris le premier travail venu, à savoir celui de manœuvre, arrondissant les fins de mois en nettoyant les douches municipales en soirée.
Quant à la dette annoncée (pour rappel 6 200F en 1965), représentant à peu près 15 mois de mon salaire de l'époque, elle ne parut pas insurmontable car j'étais armé de courage; ma mère obtint néanmoins qu'elle soit annulée par l'État, qui m'accorda le statut de soutien de famille, grâce à l'appui d'Antoine Pinay, alors maire de Saint-Chamond.
Cette situation familiale ne me dispensa pas pour autant du Service Militaire et cette période fut pour moi une véritable descente aux enfers. Alors que j'étais complètement déstabilisé, un événement singulier me conduisit, au paroxysme de ma détresse, à déroger à mes principes dans les relations amoureuses,bref à fonder prématurément un foyer. Je n'aurai alors de cesse de culpabiliser, de m'apitoyer... eu égard à mes engagements envers ma mère et bien sûr en pensant au "petit frère".
*Ce courrier était soigneusement classé aux archives du Musée National de Enfants de Troupe au Lycée Militaire d' Autun où j'ai obtenu sa copie en octobre 2015..